Mer

Au nom de Maurice Lemaître est généralement associé le lettrisme, mouvement français d’avant-garde né en 1945 à l’initiative d’Isidore Isou (1925-2007), qui s’inscrit dans la continuité des recherches futuristes, surréalistes ou dadaïstes d’une poésie libérée des mots. Progressivement, le lettrisme ne s’appliquera plus seulement à la littérature, mais devient un mouvement d’art total englobant tous les arts, théâtre, cinéma, arts plastiques..., et basé sur l’esthétique des signes et des lettres. Maurice Lemaître devient le principal promoteur du lettrisme, éditant les textes d’Isou, organisant des manifestations, écrivant des ouvrages, ou créant des revues (Ur, Poésie Nouvelle, Lettrisme...). En 1951, il réalise sa première œuvre cinématographique Le Film est déjà commencé ?, qui sera suivie d’une centaine d’autres, à travers lesquelles il se positionne contre les règles du cinéma dominant. Adoptant les procédés lettristes, il récupère, détourne et retravaille l’image, en dissocie le son, intègre des voix off, ajoute des couleurs ou des graffitis sur la pellicule... Il fait aujourd’hui figure de précurseur, exerçant une influence tant sur les cinéastes de la Nouvelle Vague que sur l’avant-garde cinématographique des années 1960, en Europe et aux États-Unis.

Dans le domaine des arts plastiques, l’œuvre de Maurice Lemaître est considérable. Il a réalisé un nombre impressionnant de peintures, dessins, sculptures ou photographies où il recourt notamment à l’hypergraphie, utilisant les lettres et les signes de tous les alphabets, voire des signes inventés, comme avec l’œuvre Document sur une femme de ma vie, datée de 1966. Contrairement aux œuvres hypergraphiques, Mer joue sur le pouvoir d’un seul mot, dont tous les éléments s’assemblent pour le faire apparaître. Les coquillages ne font pas qu’écrire le mot sur la toile, avec le sable et la bouteille, ils forment un univers reconnaissable, une immédiate association d’idées. « Nous n’en savons pas plus que vous », énonce le message intégré dans la bouteille, comme un pied de nez au visiteur.

Cette œuvre n’est pas exposée dans le musée actuellement