Viewfinder

« Percevoir l’œuvre de Floyer, c’est comme redevenir capable de voir lorsque les yeux se sont accoutumés à l’obscurité », dit la critique et historienne de l’art Patricia Bickers. Tout en subtilité, sans pour autant confiner à l’invisible, le travail de Ceal Floyer – vidéo, photographie, projections de lumière, diffusions sonores, sculpture – réside ainsi en de minuscules manipulations de l’espace et se caractérise notamment par l’économie de moyens, non loin de l’esthétique de l’art minimal. À travers des dispositifs simples et efficaces, l’artiste propose une mise en scène de l’espace qui induit une réflexion sur la place du spectateur, le point de vue, le déplacement, ou encore la perception de la réalité. L’artiste sollicite le spectateur, lui demande une participation ou une attention particulière afin de déjouer les mécanismes de ses œuvres.

Viewfinder [Viseur] pose la question du point de vue et de la construction du réel. L’œuvre interroge aussi les spécificités du médium photographique, notamment dans sa capture de la réalité. Au premier plan, l’ombre d’une personne tient le viseur d’un appareil photographique. Les bras tendus semblent indiquer que l’objet est porté au-dessus de la tête du photographe, comme s’il souhaitait capter l’image de quelqu’un se tenant face à lui. De prime abord, il apparaît que l’ombre du photographe constitue le sujet de l’œuvre. Cependant, une observation minutieuse de l’image permet de noter que le déclencheur de l’appareil est situé à gauche, alors que dans la réalité il est toujours situé à droite. Une inversion de la construction de la photographie s’opère alors : c’est le spectateur qui est photographié par cette ombre.

Cette oeuvre n'est pas actuellement exposée en salle