1943-1944
Aquarelle et encre de Chine sur papier
20,3 x 12,2 cm
D. 742
Achat du musée, 1995
© Musée de Valence, photographie Béatrice Roussel
Musicien, philosophe, écrivain, photographe et peintre, Wolfgang Schulze se consacrera entièrement à la peinture
à partir de 1940, sous le pseudonyme de Wols. Alors qu’il est étudiant au Bauhaus de Dessau, en Allemagne, son professeur László Moholy-Nagy (1895-1946) l’encourage à partir vivre en France. En 1933, Wols quitte l’Allemagne pour Paris. Artiste solitaire, il mène un permanent dialogue avec lui-même pour déchiffrer sa propre vie intérieure, usant en particulier de l’automatisme psychique des surréalistes découverts à Paris, qui l’aide à libérer son élan créateur.
De 1939 à 1940, pour avoir refusé de rejoindre l’armée allemande, Wols séjourne dans les camps d’internement français. Avec l’avance des troupes allemandes, il décide fin décembre 1942 de rejoindre le village drômois de Dieulefit, terre d’asile pour de nombreux réfugiés. Il y reste jusqu’en 1945, et c’est le 16 mars de cette même année qu’il vend ces deux aquarelles au sculpteur Étienne-Martin, lui aussi réfugié à Dieulefit.
À Dieulefit, Wols réalise en alternance deux grandes séries d’œuvres, d’une part celle des paysages et villes imaginaires, d’autre part celle des « créatures », souvent monstrueuses et proliférantes. C’est à cette seconde série que se rattachent les deux aquarelles du Musée de Valence, encore liées aux influences surréalistes et expressionnistes de la jeunesse de Wols.
L'oeuvre ici, d’un chromatisme violent où dominent le rouge de l’aquarelle et le noir d’un trait nerveux et acéré, nous plonge dans l’univers inquiétant de créatures hybrides issues d’un monde microscopique devenu vertigineux : couples de racines ? de crustacés ? d’insectes ? à la hiératique verticalité, à la fois victimes au regard innocent et agresseurs aux armes acérées, pris dans un faisceau de lignes entrelacées au dessin véhément et minutieux.
Cette œuvre n’est pas exposée dans le musée actuellement