L'atelier à Perpignan

Raoul Dufy

Le Havre, 1877 - Forcalquier, 1953

1943
Huile sur toile
46 x 55 cm
P. 361
Don de l'association des Amis du Musée, 1943

Information

Grâce au soutien financier de sa ville natale, Raoul Dufy se rend à Paris en 1899, où il intègre l’École nationale des Beaux-Arts et bénéficie de l’enseignement académique de Léon Bonnat (1833- 1922). Il y préfère la visite des galeries d’art qui présentent des œuvres impressionnistes, et les peintures qu’il réalise au début des années 1900 témoignent de cette influence. Au gré des rencontres et des influences artistiques, il rompt avec l’impressionnisme pour rejoindre le groupe des Fauves, puis connaît une période cubiste. L’entre-deux-guerres marque un « retour à l’ordre », où son travail est davantage dominé par une certaine constance que par de brusques ruptures.

Tout au long de son œuvre, Dufy réalise de nombreuses séries consacrées à un même thème, poussant parfois l’étude jusqu’à en exécuter vingt et plus de variantes. Celui de l’atelier reviendra fréquemment, en particulier à Perpignan où, à la fin de sa vie, gravement atteint de polyarthrite, il séjourne de 1941 à 1950. Ici, l’atelier du rez-de-chaussée de la rue Jeanne d’Arc, avec sa grande fenêtre ouvrant sur la rue, le torse féminin à l’antique posé sur une table de style catalan pour modèles, et le chevalet et la toile qui attendent l’artiste. Au mur, trois œuvres parmi lesquelles une des lithographies de La Grande Baigneuse1.

Refusant la perspective naturaliste, c’est avec la couleur que Dufy construit le motif et l’espace de sa peinture, dans une voie toute personnelle, en recherchant, selon son expression, « l’espace couleur, la lumière couleur ». En effet, s’étant aperçu qu’avec le mouvement (il regardait une fillette courir sur la plage), la couleur se rétracte ou au contraire déborde du contour, Dufy n’assujettit plus le trait à la couleur et inversement ; chacun devient autonome, possède son rythme propre. Devenues signes, forme et couleur se superposent sans se confondre, pour traduire le rythme d’un instant de l’apparence du réel : la ligne, souple et mouvante, marque par son dynamisme la fugacité de l’impression reçue, la couleur posée en aplats « trouve un ordre qui engendre la lumière ». Ici, tout se joue, dans une matière subtile et fluide, sur le dialogue des jaunes orangés et bleus, couleurs complémentaires brièvement ponctuées de quelques verts et noirs.

1. Dufy en Méditerranée, cat. exp., Sète, musée Paul Valéry, 2010

Cette œuvre n’est pas exposée dans le musée actuellement


Raoul Dufy, L'atelier à Perpignan, 1943 © Musée de Valence, photographie Béatrice Roussel

Raoul Dufy, L'atelier à Perpignan, 1943 © Musée de Valence, photographie Béatrice Roussel

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