1848-1849
Huile sur toile
130 x 98 cm
P. 50
Collections du musée de valence depuis 2022 dans le cadre du transfert des collections de l'Etat aux collectivités territoriales, Dépôt de l' État, 1897
© Musée de Valence, photographie Eric Caillet
On connaît mal la vie et l’œuvre de Jean Alfred Gérard-Séguin, si ce n’est qu’il fut élève de Jérôme-Martin Langlois à l’École des Beaux-Arts de Paris, exposa au Salon entre 1831 et 1868 et, ami de l’éditeur Pierre- Jules Hetzel, travailla essentiellement dans l’illustration d’édition en fournissant des dessins pour divers livres, comme La Comédie Humaine de Balzac, dont il peignit aussi le portrait. Sous l’égide de Prosper Mérimée et des premières commissions des Monuments historiques, il assura aussi les relevés des fresques de Saint-Savin-sur-Gartempe.
Cette Sentinelle de Février fut commandée à l’artiste par le ministère de l’Intérieur le 20 août 1848 contre une somme de 1 200 francs, payables en 1849. Dans le dossier de commande figure la mention « tableau d’histoire dont le sujet a été choisi par l’auteur » qui indique une commande de l’État qui, peu payée, est une forme de soutien aux artistes sans travail, alors libres de choisir leur sujet.
Loin des visions de foule souvent représentées pour les évènements révolutionnaires, Gérard-Séguin choisit de peindre ici un aspect particulier de la Révolution de 1848, la figure d’un « gardien de la paix et de la République ». Le personnage central, en vêtement d’ouvrier et campé avec vigueur près d’un bâtiment, brandit un fusil à baïonnette avec lequel il vient vraisemblablement d’exécuter l’individu couché à ses pieds, le visage masqué sous un chiffon blanc et le corps marqué de l’inscription « voleur ». Sans doute faut-il replacer cette représentation dans la lutte entre républicains modérés proches de la bourgeoisie et républicains plus avancés partisans d’une république sociale, mais aussi dans le fait que, pour les conservateurs la République pouvait mener à l’anarchie, à la fin de toute propriété et de tout lien social. Ainsi, se sont-ils montrés très durs sur la question du maintien de l’ordre en exécutant sommairement les pillards. C’est très certainement l’aboutissement d’une de ces exécutions qui nous est montré ici ; certes, triomphe de l’émeute républicaine de février 1848 qui renversa Louis-Philippe et mit fin à la monarchie de Juillet, mais aussi triomphe de l’ordre.
Cette œuvre n’est pas exposée dans le musée actuellement