Huile sur toile
23 x 35,5 cm
Th. Rousseau
P. 414
Achat du musée, 1958
© Musée de Valence, photographie Eric Caillet
De 1834 à 1848, « grand refusé » des Salons où dominent les tenants du paysage historique, Rousseau va, à l’écart du milieu officiel, totalement renouveler la peinture de paysage. Après son échec au prix de Rome en 1829, il parcourt la France pour peindre sur le motif, découvre la forêt de Fontainebleau et en 1847 installe son atelier à Barbizon où le rejoignent Jean-François Millet (1814-1875), Charles Jacque (1813-1894), Diaz de la Peña... Poursuivant sans relâche une exploration toujours plus intime de la nature, il en fait selon Théophile Gauthier « le portrait, comme on ferait celui d’un dieu, d’un héros ou d’un empereur ». Après une commande de l’État en 1849, il obtient une critique quasi unanime à l’Exposition universelle de 1855.
Très attaché aux variations de lumière et de climat qui modifient la nature selon l’heure ou la saison, Rousseau, dans ce Paysage d’automne, saisit l’aspect désolé d’une plaine de la région du Berry où il a séjourné en 1842, ainsi que son atmosphère automnale et humide. Motif ordinaire composé en deux parties horizontales, qui montre son goût pour les vastes paysages panoramiques, qu’il sait traduire sur de petits formats. Ici panorama embrasé de ciel crépusculaire, de terre bourbeuse aux formes anguleuses, à l’horizon de soleil couchant interrompu de quelques arbres frêles, qui lui donnent un caractère désolé. La matière même de la peinture en accentue l’âpreté : « fièvre du pinceau » et touche « raboteuse et cahotée » qu’on lui reprochera souvent. C’est pourtant cette touche libre, ces empâtements, qui, suivant le motif et accrochant la lumière, construisent l’espace du tableau et, sans le décrire, le caractère de la nature qu’il nous montre.