Les Lavandières de Ronciglione

À une cinquantaine de kilomètres de Rome et proche du palais Farnèse de Caprarola, la vallée de Ronciglione offre un panorama exceptionnel à peindre. Hubert Robert y rejoint en 1761 l’abbé de Saint-Non et Fragonard, lequel en réalise aussi une vue à la mine de plomb, conservée au British Museum, quasiment selon la même perspective, mais de dimensions plus réduites.

Dans une peinture appartenant à une collection privée, et tout aussi remarquable de sensibilité, Hubert Robert reprend la même composition et notre dessin pourrait en être une étude préparatoire.

 

Ici, les petites silhouettes de lavandières penchées sur le lavoir en bas de la feuille, très rapidement esquissées, apparaissent comme le seul signal de vie au sein du monde de pierre des deux falaises envahies de végétation qui semblent faire corps avec les bâtiments qui les surmontent. Hubert Robert a su ajuster son geste et la matière de la sanguine pour rendre avec maestria la splendeur et la monumentalité du site qu’il choisit de nous montrer dans une vision diagonale laissant deviner, au creux des montagnes, la vallée d’où émerge la rivière qui se termine en blanche et tumultueuse cascade.

 

C’est dans une utilisation délicate et subtile de la sanguine et du tracé qu’il traduit toute la poésie du lieu. Larges hachures tout en légèreté qui viennent traduire la masse et les anfractuosités de la roche, zigzags rapides des feuillages aux bords déchiquetés.

Tout réside alors dans cette intelligence, cette palpitation de la lumière, dans ce jeu subtil des sombres et des clairs qui rendent sensibles le bruissement des feuillages, le bruit de la cascade, la vibration et les infinies variations solaires sur la roche, les façades et les frondaisons, et la chaleur lourde d’un après-midi.