L'Apprentissage de la prière

Comme Jean de Cayeux, qui en 1985 l’a daté de l’année 1774, on peut s’interroger sur le sens à donner à ce dessin, en particulier à la grande croix posée contre le mur de la chaumière. Intention critique d’un artiste dont on sait qu’il était peu porté sur la religion ? Au contraire, sujet sentimental d’une mère qui enseigne la prière à son enfant, croqué par un père lui-même attentif aux siens ? Rien dans le dessin ne vient nous éclairer.

Jean de Cayeux le rapproche de deux dessins qui nous montrent des scènes assez proches. Le premier, La Cour de la chaumière qui montre, dans un format vertical, un sujet assez similaire, mais sans connotation religieuse. Une mère y gravit un escalier avec son enfant pour entrer dans une chaumière, sous le regard d’une famille qui surplombe la bâtisse depuis le mur où elle est adossée. Ajouté au nôtre, il semble pouvoir constituer comme une histoire de vie familiale. Le second, conservé au Städelches Kunstinstitut de Francfort, est beaucoup plus connoté politiquement, même si situé dans un environnement champêtre. Il s’agit d’une Allégorie sur la décadence de la famille du Barry qui fait allusion au renvoi de Mme du Barry, favorite de Louis XV, dans la nuit qui suit la mort du roi le 10 mai 1774. Si la chaumière demeure la même, allusion au village de Montlhéry où elle rejoindra sa mère, les éléments satyriques tels les ânes et les maquereaux signifient « ignorance et bassesse ». Parti pris d’un familier du duc de Choiseul qui avait eu des démêlés avec Mme du Barry et fut exilé par Louis XV dans son domaine de Chanteloup.

Il est cependant bien difficile de dire si une corrélation réelle existe entre notre dessin et celui-ci, hormis le style et la chaumière.