Pont monumental

Hubert Robert

1733 - 1808

vers 1769 - 1770
Sanguine
36,8 x 39,2 cm
Ni signé, ni daté
D.26
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence

Information

Hubert Robert a commencé à représenter des ponts imaginaires et fantastiques surmontés d’architectures lors de son séjour à Rome, et c’est un thème qu’il reprendra et recomposera sans cesse, jusqu’à en faire l’un de ses motifs favoris.
Comme bien d’autres, celui-ci prend sa source dans l’oeuvre de Piranèse, tel qu’il apparaît dans les gravures de la Prima parte di Architetture et des Vedute di Roma. Monumentalité et magnificence du Ponte Coperto, du Ponte Magnifico et du Ponte Trionfale, au contraire rusticité et vétusté du Ponte Molle sul Tevere, du Ponte Lugano su l’Anione et du Ponte Salario, motifs qu’Hubert Robert réinterprétera en de multiples variantes : ponts, passerelles rustiques et à demi effondrés ou, au contraire, imposants et aux proportions parfois gigantesques qu’il se plaît à nous montrer dans des perspectives insolites, vus de biais et en contrebas afin de laisser voir les cintres des arches, et à surmonter de temples, de palais antiques ou de tours médiévales.
Ici, entre monumentalité architecturale et caprice champêtre, il nous propose une fois encore un souvenir italien au charme bucolique : temple antique ou palais à demi ruiné, ponts envahis de végétation et rivière étale au pied du palais à l’escalier d’accès orné de lions couchés, que lavandières et promeneurs viennent occuper et admirer.
Daté des années 1769-1770 par Jean de Cayeux, il sera repris par l’artiste dans un charmant lavis de bistre et encre de Chine ovale, daté de 1781 où, comme à son habitude, il introduit de légères variantes qui lui permettent de créer une oeuvre nouvelle.
La même composition se retrouve encore dans une petite peinture du musée de l’Ermitage qui, dans un format horizontal, nous montre le même pont surmonté d’un palais dans une perspective plus large et encore animée de nouvelles figures de lavandières et promeneurs, animaux et charrette. Enfin dans Un vieux palais, du Rhode Island School of Design Museum, où ce pont, d’une architecture cette fois urbaine et non rustique, est surmonté d’un luxueux palais.
Jeu de l’artiste avec les mêmes motifs, la statue de femme assise – statue de Minerve ? –, qui orne ici le centre du pont, se retrouve en 1779 dans l’un des grands tableaux acquis par le prince Youssoupov pour décorer son palais d’Arkhangelskoïe près de Moscou. Peinture où le centre du pont est là surmonté de la statue d’un des Dioscures et où notre statue féminine se retrouve décorant le sommet d’une fontaine au pied du pont et du palais.

Hubert Robert, Pont monumental, vers 1769 - 1770, Sanguine sur papier © Musée de Valence

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