vers 1772 - 1774
Pierre noire
39,5 x 29 cm
Ni signé, ni daté
D.54
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence
Information
Les croquis préparatoires à ce très impressionnant dessin à la pierre noire montrent bien à quel point les grands dessins de la collection du musée de Valence constituent des oeuvres achevées dont l’artiste a esquissé plusieurs idées et qu’il a aussi réutilisées pour la création d’autres oeuvres.
Véritable « système de production » qui, avec les contre-épreuves parfois retravaillées, lui permettait une « organisation commerciale » de son travail.
Comme l’ont indiqué Marguerite Beau en 1968 et Jean de Cayeux en 1985, l’une des premières pensées de cette oeuvre se trouve, dès 1764 pendant la fin du séjour romain d’Hubert Robert, dans la planche n° 10 des Soirées de Rome gravées pour Marguerite Lecomte.
Deux autres petits croquis, conservés au musée du Louvre dans l’album Moreau-Nélaton, nous proposent des visions légèrement différentes du même thème. Le premier, décentré vers la gauche, est plus animé par les gestes amples de petits personnages qui semblent découvrir l’ampleur de la galerie en escaladant le mur à demi effondré qui la bouchait. Le second, décentré vers la droite et plus sommairement esquissé, nous présente une vision plus diagonale d’une grande nef au plafond voûté et non plus charpenté.
Enfin, dans un troisième dessin conservé au musée de Copenhague, réalisé à la plume sur une contre épreuve de sanguine et de dimensions très proches, on retrouve la même composition architecturale avec les personnages de badauds et de jeunes femmes ramassant des gerbes, l’échelle, la corde accrochée à la grosse poutre du premier plan. Seules modifications, Hubert Robert a rajouté sur la gauche quelques vestiges antiques, dont un fragment de statue de femme, et a ôté la brouette. Ensemble qui semble constituer comme une série de points de vue sur la vaste nef depuis la même place.
En effet, la monumentalité de la composition est ici toute frontale, laissant entrevoir les deux rangées d’arcades situées sur les deux côtés de la nef. Monumentalité créée par de forts contrastes de lumière associés à ceux de la matière même. Clarté de la haute et longue nef à peine évoquée en un jeu de subtiles verticales et horizontales qui se perdent dans le blanc du papier au centre de la feuille. Blancheur cadrée par les hauts piliers de l’arcade et le mur à demi effondré qui la révèlent aux deux petites silhouettes se découpant dans la lumière. Blancheur renforcée par le jeu graphique des sombres poutres qui étayent l’arcade.
Si, dans cette composition, Hubert Robert utilise, mais très légèrement, ses habituelles hachures diagonales pour créer ombre et lumière dans les lointains, en revanche, il réussit, grâce à un jeu
appuyé de traits et hachures très horizontaux, à rendre toute la réalité de la matière des murs dépouillés de leurs parements.
Hubert Robert, Basilique romaine en partie détruite, vers 1772 - 1774, Sanguine © Musée de Valence, photographie Cédric Prat, Studio L'Œil Ecoute