A San Pietro in Montorio

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On peut se demander comment Julien-Victor Veyrenc, qui ne connaissait pas Rome, a pu identifier ce monument à une représentation du tempietto de Bramante, tant la transformation en est grande. C’est peut-être la représentation du cloître qui a pu le mettre sur la voie.

S’il dessine d’après les ruines antiques, Hubert Robert aime aussi les inventer. En témoigne ce temple circulaire qui, s’il n’est pas sans évoquer ceux de Vesta à Rome ou de la Sybille à Tivoli, est en réalité une « réinvention » du tempietto de Bramante (1444-1515), érigé au centre du cloître du couvent de San Pietro in Montorio entre 1499 et 1502 pour commémorer le lieu où aurait été martyrisé saint Pierre. Du temple, enserré au sein du cloître et de dimensions réduites, il supprime la partie supérieure composée d’une balustrade entourant une coupole. Mais surtout, il en fait un édifice monumental et isolé, dont la situation réelle est à peine évoquée, sur la droite de la feuille, par le dessin d’un fragment de cloître. Vision frontale et grandiose, animée de quelques silhouettes vêtues à l’antique, très vite croquées, qui ne sont là que pour créer une échelle au dessin – ceux du premier plan n’atteignent pas la hauteur du podium du temple – et transformer le tempietto en colossale architecture.

On connaît plusieurs œuvres réalisées d’après ce dessin. La première, conservée à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris, est un dessin à la plume et au lavis de bistre et d’aquarelle, plus élaboré, qui montre le site en sens inverse et a pu être faite à partir d’une contre-épreuve de notre dessin. On peut aussi citer une peinture plus tardive, exécutée en France bien des années plus tard et appartenant aux collections du Louvre, Temple antique transformé en colombier, qui n’est pas sans puiser sa source dans le tempietto.