L’inscription grattée et la date portée sur la monture de ce dessin plaident pour une réalisation lors d’une des réunions à l’hôtel de La Rochefoucauld. De plus, comme pour tous ceux créés lors de ces « mercredis », nous nous trouvons ici face à une scène de genre au dessin abouti et travaillé, oeuvre à part entière au sujet léger et joyeux où les figures occupent une place prépondérante.
Jean de Cayeux en 1985, puis Sarah Catala plus récemment, dans l’étude de ce dessin et de sa contre épreuve conservée à la bibliothèque de Besançon, ont pu relever une série d’oeuvres en rapport direct, qui démontrent, une fois encore, qu’Hubert Robert reprend souvent le même thème à bien des années de distance, en y apportant les modifications de détails qui lui permettent de proposer chaque fois une oeuvre nouvelle.
Parmi elles, on peut citer un dessin au lavis de bistre, La Bascule, exécuté vers 1763, dans un carnet conservé à la Pierpont Morgan Library de New York, qui pourrait en être la première idée. Plusieurs croquis figurent dans les anciens albums Ernest May et Fauchier-Magnan, datant des mêmes années que notre sanguine. Mais aussi deux contre-épreuves, celle de Besançon et la seconde actuellement non localisée, dont l’une a très certainement servi de point de départ à un tableau, datée de 1802, ayant appartenu à la collection de la duchesse de Trévise.
Si le thème de l’escarpolette est représentatif des scènes galantes et légères que le XVIIIe siècle a affectionnées, avec Fragonard en particulier, Hubert Robert le revisite ici en scène plus populaire où jeunes gens et enfant aux costumes champêtres s’accordent un moment de détente sur une rustique balançoire installée au creux d’un mur en partie ruiné. Plus que libertinage et galanterie, c’est ici spontanéité et naturel d’un charmant tableau familial que nous offre l’artiste, dans un dessin tout en subtils contrastes de matières et de lumière : murs se détachant en contre-jour sur un chaud ciel d’été qui inscrit les personnages sur le rectangle blanc et lumineux de la porte ouverte pour donner place à la balançoire.