Le Cloître, A CHALI

Les ruines actuelles du cloître et de l’abbaye royale de Chaalis, construite à la fin du XIIe siècle au centre de la forêt d’Ermenonville, vendue comme bien national en 1793 et exploitée par son nouveau propriétaire comme carrière de pierre, ne permettent pas de dire aujourd’hui si ce cloître  est bien le grand cloître – il y en avait trois – de cette abbaye, dont on apercevrait alors l’abbatiale contre laquelle il s’appuyait.

Que ce lieu ait intéressé Hubert Robert n’est pas pour étonner. À la fois par ses liens avec le marquis de Girardin, propriétaire du domaine d’Ermenonville où il dessinera le tombeau de Jean-Jacques Rousseau sur l’île aux Peupliers, et par sa curiosité pour les architectures françaises après celles de Rome.

Car c’est bien l’architecture gothique de l’abbaye qui intéresse ici l’artiste et lui permet, une fois encore, de dessiner un espace complexe où se croisent et se mêlent les perspectives diagonales et les points de vue.

Cette oeuvre, réalisée en 1765, est encore un souvenir en partie romain avec les lavandières, les ramasseuses de joncs, l’homme au bâton de pèlerin et l’anachronique mufle de lion qui lui sert de fontaine au-dessus d’un lavoir. On y retrouve encore, sur la droite, comme dans plusieurs peintures romaines, la bassine servant à faire bouillir le linge sur le feu et laissant échapper la dense fumée qui envahit la galerie voûtée.

Dessin de transition avec des parties encore esquissées de larges hachures pour rendre perceptible la pierre des hautes voûtes, mais déjà mené avec plus de précision pour les architectures aux chapiteaux corinthiens et aux arcades ajourées de délicate dentelle de pierre, ou les jeunes femmes à l’accorte costume.

L’artiste effectuera une contre-épreuve de ce dessin, aujourd’hui au musée de Besançon. Par ailleurs, une grande peinture, conservée au Norton Simon Museum de Pasadena, en propose une version amplifiée où les personnages sont, cette fois, des religieuses.