On ignore comment et quand Hubert Robert a pu se rendre au château du Marais, construit en 1778 à la place d’un château plus ancien, pour Jean Le Maître de La Martinière, trésorier général de l’artillerie et du génie, et y réaliser ce dessin.
L’artiste nous en offre une large perspective qui embrasse l’arrière de l’édifice sur jardin depuis un miroir d’eau, et laisse apercevoir, sur le côté, le petit pont à galerie vitrée qui enjambe la douve qui le cerne ainsi que le départ des communs.
Le parc actuel, redessiné au début du XXe siècle, n’est plus celui que nous voyons ici, marqué par l’esprit du jardin anglais et non du jardin à la française.
Si le dessin est assez usé – a-t-il fait l’objet d’une contre-épreuve ? –, il donne encore à voir avec délicatesse tout l’esprit champêtre et humide du lieu, parcouru par les quatre microscopiques silhouettes de promeneurs visibles à contre-jour et la barque parcourant le lac.
On y trouve un peu la même composition et la même ambiance de pénombre et d’humidité gazeuse que dans la Fête de nuit à Trianon, peinte pour Marie-Antoinette vers 1780-1781 : point de vue éloigné sur un monument avec, entre eux, plan d’eau, silhouettes minuscules et angulaires aux têtes dessinées d’un simple point commentant la vue depuis la limite de l’eau et de la terre, masses cotonneuses des arbres et frondaisons…