vers 1762
Sanguine
52 x 39 cm
Signé, daté dans le bas à droite : Roberti R. 1762
D.37
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence
Information
Hubert Robert a représenté de nombreuses fois la villa Madame, construite dès 1517 sur les hauteurs du Monte Mario au sud de Rome, pour le cardinal Jules de Médicis (futur Clément VII) et achevée pour « Madame » Marguerite d’Autriche, fille de Charles Quint, à qui elle doit son nom.
Comme la villa Giulia, la villa Madame n’est plus, à l’époque où Hubert Robert séjourne à Rome, une maison princière, mais, délaissée, elle porte encore les traces de sa splendeur passée.
C’est certainement ces usures du temps, ce semi-abandon auxquels l’artiste était si sensible qui le fascinèrent en ce lieu.
Alors que l’aquarelle et les peintures du musée de l’Ermitage, la contre-épreuve de sanguine de la bibliothèque municipale de Besançon, l’aquarelle de l’Albertina de Vienne nous proposent un large point de vue de la villa à partir du contrebas de la voie d’accès qui y conduisait, cette sanguine nous offre, elle, une vision rapprochée sur deux des grandes arcades qui soutenaient cette allée.
Dans ce dessin de 1762, dont on ne connaît que peu d’oeuvres très proches, l’artiste choisit encore un point de vue particulier qui, étrangement, rejoint celui de la contre-épreuve de Besançon. Les deux dessins nous présentent en effet une vue similaire, prise comme souvent chez Hubert Robert en diagonale, sur les arcades de la galerie. Une vue relativement lointaine dans la contre-épreuve de Besançon, une vue rapprochée dans la sanguine de Valence, où la balustrade de la galerie et l’alignement des pots la surmontant semblent étonnamment se prolonger d’un dessin à l’autre.
Comme dans La Villa Madame, Hubert Robert a traduit les reflets solaires et la vibration de la lumière sur la pierre par un jeu de légères et rapides hachures horizontales qui contrastent avec la masse des feuillages au dessin plus mouvant et à la matière plus épaisse et colorée.
Si le volume des deux arcades couvertes d’une végétation d’arbustes et de feuillages à demi sauvage qui envahit les murs occupe presque tout l’espace du dessin, la composition est tout de même animée par deux des motifs chers à l’artiste et qu’il déclinera tout au long de son oeuvre, celui des lavandières, ici petites silhouettes finement esquissées sur lesquelles joue le soleil, et celui de l’échelle.
Hubert Robert, Lavandières à la Villa Madame, 1762, Sanguine © Musée de Valence, photographie Cédric Prat, Studio L'Œil Ecoute