La Pêche au pied d'un palais

Une fois encore, Hubert Robert nous propose la réinvention pittoresque d’un monde fait de souvenirs italiens, associés à un paysage champêtre et une scène de genre familière finalement assez commune. Recomposition architecturale de quelque palais ou villa de campagne à l’escalier orné de sculptures antiques, dont le portique monumental et les hautes baies à balustrade sont empruntés à divers monuments romains.

Ce dessin est sans doute la première idée d’un tableau conservé au musée du Louvre, Intérieur de parc romain. On y voit, dans un format vertical à la place du format carré de notre sanguine, le même palais mais très légèrement modifié (plus de fronton triangulaire au-dessus du portique à colonnes, légère transformation des ouvertures cintrées de la galerie latérale, plus de végétation

envahissante), le même bassin quadrangulaire bordé de marches, la même statue de Minerve sur son piédestal. Les personnages y sont, en revanche, multipliés et la scène de pêche est, elle, remplacée par des lavandières et une barque accostée aux marches.

On retrouve aussi notre palais, mais en sens inverse et avec encore plus de personnages, dans une petite aquarelle du Metropolitan Museum de New York, Le Portique d’une maison de campagne. Hubert Robert nous offre aussi, dans ce décor un peu nostalgique, la vision idéale d’une mère et de son fils, témoignage certain de son amour pour les enfants, surtout si l’on sait que les siens naissent dans les années 1770. Si tous deux sont expressivement et joliment dessinés, la scène est par ailleurs animée de petites silhouettes, elles, rapidement croquées en quelques traits, de musiciens et de badauds qui viennent donner vie et échelle à l’architecture du palais.