1762
Sanguine
33,5 cm x 45,5 cm
D. 63
Don J.V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence
Dans cet autre dessin de l’escalier menant au palais des Sénateurs, Hubert Robert s’attache cette fois à la réalité du lieu. Seule absence, le haut bâtiment situé derrière le portique de Vignole qui ferme la perspective au fond de la place. Il laisse ainsi l’espace à un ciel à peine évoqué, sur lequel se dégage l’imposante architecture du palais et l’escalier réalisé en 1600 par Giacomo della Porta d’après Michel-Ange, où figure encore, devant la fontaine, la balustrade ajourée, aujourd’hui disparue. C’est, en effet, à l’architecture que l’artiste offre l’espace de sa feuille dont elle occupe pratiquement tout l’espace, dans une vision ascendante et une perspective oblique.
Dessin où, avant de laisser libre cours à la spontanéité et à la rapidité du geste, il a structuré l’espace, la composition et les architectures de fines lignes tracées à la règle : pilastres de la façade, bords des fenêtres, diagonales et verticales de l’escalier et de ses décors de moulures… C’est toujours grâce à un système graphique de hachures différemment orientées et plus ou moins appuyées, d’espaces laissés blanc sur le papier qui créent de subtiles et mouvantes zones d’ombre et de lumière, qu’il parvient à donner corps et vie à la pierre et lui enlever toute sécheresse. Paysage de pierre animé par les petites silhouettes de badauds, au dessin caractéristique des années 1760, et placées en ligne grasse au bas de la feuille ainsi que sur le lointain escalier montant au portique de Vignole.
On trouve aussi dans ce dessin quelques-uns des motifs qui formeront, selon la formule de Louis Hautecoeur (Paris, 1933), « le magasin des accessoires » de l’artiste, ici la statue du Tibre et la statue de Minerve qui ornent la fontaine.