Huile sur bois
23 x 36 cm
P. 04
Legs Belat, 1905
© Musée de Valence, photographie Béatrice Roussel
Élève de l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Delaroche (1797-1856) puis de Corot, Anastasi s’initie avec lui à la peinture de plein air puis reçoit les conseils de Delacroix. Si ses premiers envois au Salon, comme en 1844 Démocrite et les Abdéritains, sont encore des paysages composés, ce ne seront très vite plus que des paysages de nature. Il peint ainsi de belles études naturalistes sur les bords de Seine, en Normandie, à Fontainebleau et surtout dans les gorges d’Aprement. Également lithographe, il collabore à la revue L’Artiste, mais devenu aveugle en 1870, il doit cesser de peindre. Grâce à une vente de ses œuvres organisée par ses amis artistes, dont Diaz de la Peña, il bénéficie encore des ressources qui lui permettent de vivre. Cette petite vue de La Villa Conti à Frascati, identifiée par une inscription manuscrite ancienne à l’encre au dos du panneau, aurait pu être acquise lors de cette vente par Joseph Belat, ancien maire de Valence et collectionneur, qui l’a léguée au musée.
Après son échec au Prix de Rome en 1849, Anastasi voyage dans les pays du nord, Hollande, Allemagne, puis se rend en Italie où il retrouve son ami Jean-Achille Benouville (1815- 1891). Il ramène de Rome, de ses environs et de Naples, des œuvres toutes de clarté et de luminosité.
De La Villa Conti à Frascati, l’artiste ne nous offre pas une représentation, mais une évocation poétique et pittoresque du point de vue depuis la terrasse. Pittoresque du lion couché, des prélats assis sous l’ombre bienfaisante des arbres, du couple de touristes dont les silhouettes colorées focalisent le regard vers le point de vue. Mais c’est le paysage qui occupe le premier rôle : masse ombreuse ou au contraire longues silhouettes verticales des arbres aux feuillages finement ciselés, horizons modulés de roses, de jaunes et de bleus à la fois intenses et vaporeux d’un ciel aux subtiles vibrations lumineuses, masse claire et sobre au premier plan de la terrasse, entre chaleur et fraîcheur, où la tache rouge du manteau rompt les dégradés de beiges.