Huile sur toile
101 x 80 cm
P. 147
Legs Belat,1905
© Musée de Valence, photographie Eric Caillet
Formé à Paris, Bourdon fait de nombreux voyages en France et dès 1734 est à Rome où il est vite célèbre pour sa facilité de pinceau et sa vivacité d’imagination. Menacé par l’Inquisition comme calviniste il rentre à Paris en 1637. Paris où, excellant dans tous les genres, il reçoit d’importantes commandes dont en 1643 le May de Notre-Dame, La crucifixion de saint Pierre, et devient en 1648, l’un des douze membres fondateurs de l’Académie de peinture et de sculpture. Il rêve d’en créer une à Montpellier, sa ville natale, où il peint en 1657 La Chute de Simon le magicien pour l’église Saint-Pierre. Invité par la reine Christine, il se rend en Suède entre 1652-54 et peint d’elle plusieurs portraits.
Ce Tobie ensevelissant les morts, œuvre de jeunesse de l’artiste réalisée entre 1636-1642,
est l’une des œuvres qui, pour Jacques Thuillier, marquent le début d’une production toute personnelle. Elle illustre un thème que l’artiste reprendra plusieurs fois, celui tiré d’un épisode du Livre de Tobie, de l’Ancien Testament : issu de la tribu des Nephtali, emmené en captivité à Ninive, Tobie (ou Tobit), devient préfet des vivres du roi Salmanasar et a soin, au péril de sa vie, de faire ensevelir clandestinement les Juifs qui mourraient et dont les corps devaient être jetés par-dessus le remparts de la ville. Sur un décor d’architectures antiques où l’on reconnaît la pyramide de Cestius, de troncs dépouillés et de feuillages peints dans des tonalités de bruns, l’artiste construit une frise colorée et sinueuse de personnages où alternent les larges taches de vermillon pour la figure de Tobie à gauche, de bleus et de blanc éclatant pour la pleureuse drapée dans son vêtement ou pour le cadavre dans son linceul. Scène dramatisée par une lumière qui en sculpte les formes et les contours, en accentue le coloris.