Les Bohémiens ou Gueux dans la ruine

On connaît mal l’œuvre de Jean-Baptiste Blanchard dont peu de peintures sont aujourd’hui identifiées et ces Gueux dans une ruine sont l’une des trois peintures, sûres, de l’artiste.
Élève de son oncle le peintre des fêtes et mascarades Nicolas Bollery (vers 1560-1630), il rejoint à Lyon son frère aîné Jacques (1600-1638), puis part avec lui pour Rome en 1624. Rentré à Paris, il devient « peintre du roi » en 1637, mais il n’est reçu à l’Académie qu’en 1663, deux ans avant sa mort.

C’est cette double formation, française et italienne, qui est perceptible ici, scène de genre populaire associée à une ruine antique.

Sur ce décor de ruines qui occupe presque tout l’espace du tableau et est construit en deux plans lumineux contrastés, se détachent les groupes de personnages. Ruines, d’une conception simple, peu découpées, à peine décorées, peintes dans un camaïeu de beiges et bruns, et ourlées d’une clarté qui en découpe la monochromie sur un fragment de ciel bleuté à la lumière argentée.

Dans une mise en scène comme inversée, les deux groupes contrastés de personnages semblent jouer chacun une histoire ; histoires qui entrent en résonnance entre elles et avec les processions antiques sculptées sur les deux bas-reliefs. Au premier plan en bas, en pleine lumière, mendiant, âne et bohémiens, dont les gestes fébriles, les vêtements misérables et froissés, sont peints dans des rouges et bleus que de légères touches de blanc, véritables éclats de lumière, viennent rehausser.

En haut, dans l’ombre et l’abri des ruines, à peine perceptibles et colorés, un homme portant un enfant se dirige vers l’asile provisoire d’une tenture rouge où l’attendent deux femmes qui regardent passer la misérable procession.

Cette oeuvre n'est pas actuellement exposée en salle.