La Délivrance de saint Pierre

Comme son père Hendrik van Steenwijk le vieux, à la mort duquel, en 1603, il reprend l’atelier de Francfort où la famille s’était installée en 1585, Hendrik van Steenwijk II se spécialise dans la peinture d’intérieurs d’églises. C’est Antoon van Dyck (1599-1641) qui, en 1615, l’introduit à la cour d’Angleterre où il reçoit des commandes royales de Charles Ier. Il rentre ensuite dans son pays et s’installe à La Haye puis à Leyde. Ses vues d’églises, imaginaires, sont inspirées de la cathédrale d’Anvers et composées dans une partition verticale en trois registres, où une zone centrale, très éclairée, est flanquée de deux zones d’ombre.

Composition reprise dans cette Délivrance de saint Pierre que Pierre Rosenberg attribua à l’artiste en 1965. C’est dans les cachots où était retenu Pierre, emprisonné sur ordre du roi Hérode Agrippa Ier, que l’artiste a situé l’épisode qui voit un ange réveiller Pierre qui lui obéit comme dans un songe et ne se rend compte de ce qui s’est passé qu’une fois dehors. Scène révélée en pleine lumière, dans la partie centrale du tableau illuminée par une lanterne suspendue aux voûtes : l’ange entraîne fermement Pierre à travers la porte ouverte de la prison. Sur les côtés, deux mondes, dramatisés par les jeux d’ombre et de lumière : à droite celui d’escaliers aux rambardes de fer dont on ne sait où ils conduisent, peut-être vers le monde souterrain de cachots aérés des seules grilles visibles au sol ; à gauche celui de galeries et voûtes semi-ruinées qui offrent un point de vue nocturne sur le monde extérieur. Ce mystérieux monde architectural de pierre et de métal est peint dans des camaïeux de bruns dorés que seuls le rouge du vêtement de l’ange et le blanc et bleu de la figure de Pierre viennent rompre.