Chaque année, les collections du musée s’enrichissent. Parmi les œuvres acquises en 2023, découvrez celles qui sont exposées dans le parcours de visite !
Art contemporain
JULIEN DISCRIT
Déjà présente dans les collections du musée, avec l’œuvre Inframince (Mont-Blanc) (dépôt du Centre national des arts plastiques), la production de Julien Discrit est aujourd’hui mise en valeur par deux nouvelles œuvres qui intègrent le fonds contemporain : États inversés - Fort Smith, 2018 et Aftertouch 5A, 2022
L’œuvre Aftertouch 5A fait partie de la série «Aftertouch» initiée au début de l’année 2022. Si le corpus est récent, il se développe néanmoins dans la continuité de la pratique de Julien Discrit qui, depuis plusieurs années, s’empare de processus naturels assimilables à des procédés techniques. Il s’agit de rejouer la nature sans la reproduire ou la représenter, en s’appropriant sa physique propre : érosion, fossilisation, cristallisation… Pour cette nouvelle série, les formes imprimées à la surface du tableau se sont auto-générées par contact puis séparation soudaine entre la toile et une autre surface plane. Les motifs, fruits d’un hasard méticuleusement préparé, dessinent des dendrites, arborescences caractéristiques des réseaux neuronaux, sanguins, végétaux, ou hydrauliques.
Julien Discrit
Aftertouch 5A, 2022,
acrylique sur toile marouflée
sur panneau de bois
© Musée de Valence, photographie Julien Discrit
Cette œuvre fait partie de la série « États-inversés » que Julien Discrit a initiée en 2010. À partir d’un découpage de la géographie des États-Unis d’Amérique, l’artiste réinterprète le processus d’estompage en cartographie. Ce dernier consiste à mettre en évidence les variations de terrain par un ensoleillement fictif des pentes et produire ainsi une impression de relief en deux dimensions. En inversant le spectre lumineux habituellement utilisé, et en passant ces cartes en noir et blanc, l’artiste crée une nouvelle manière d’appréhender les reliefs et renverse la lecture du territoire, tandis que de nouveaux motifs apparaissent à partir d’un mode de représentation préexistant. Dans un premier temps, Julien Discrit a réalisé un atlas complet du relief étasunien. Dans un second temps, en 2016, il décide de réaliser des tirages de certaines villes du livre en les reproduisant en grand format.
Julien Discrit, États inversés - Fort Smith, 2018, tirage à encore pigmentaire sur papier photographique
© Julien Discrit
Art moderne
JULIETTE ROCHE
La fondation Albert Gleizes a souhaité donner au musée deux œuvres de Juliette Roche, fondatrice, avec son mari Albert Gleizes, de la résidence artistique de Moly Sabata, et dont la carrière s’inscrit dans les avant-gardes du début du XXe siècle. Les deux œuvres évoquent Serrières, site ardéchois non loin de Valence, et confortent la dimension paysagère de la collection de peinture du musée. La fondation a également donné un plat en céramique d'Anne Dangar.
De formation académique, Juliette Roche, qui fut également poétesse et écrivaine, rejoint très tôt les avant-gardes qui vont influencer son travail. Un syncrétisme et une versatilité formels définissent le style personnel de l’artiste dont l’intérêt se porte vers le paysage et l’espace public. Elle développe une iconographie urbaine et emprunte beaucoup aux vues de Serrières, village ardéchois de son enfance. Cette œuvre de 1911, une des premières signées de ses initiales, impose un cadrage frontal, annulant presque la perspective paysagère à l’arrière-plan, et l’emploi de tons sourds et sombres. Le défilé des personnages – figurés avec un goût pour les silhouettes longilignes qui ne fera que s’accentuer les années suivantes – traduit une sociologie locale autant qu’il offre une représentation des trois âges de la vie.
Juliette Roche
Serrières ou Sur le pont de Serrières
1911, huile sur toile
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’OEil écoute, 2024
© Adagp, Paris, 2024
Ce paysage offre une vue surélevée, presque plongeante, sur le village de Serrières flanqué à son pied de parcelles agricoles à l’arrière-plan et surplombant le Rhône qui serpente dans le registre supérieur droit du tableau. Le cadrage resserré ainsi que la représentation des arbres au premier plan expriment les tensions de l’artiste vers le japonisme, mouvement très couru à la fin du 19e siècle chez les Nabis. On trouve ici l’effet mat d’une peinture à l’huile utilisée sans vernis, caractéristique d’une grande partie du corpus. Les ouvertures sombres des maisons ponctuent de noir un ensemble construit sur les grandes masses rouges et ocres du premier plan et jaunes à l’arrière-plan. La vie est comme absorbée dans ces béances sombres laissant s’exprimer le portrait d’une petite bourgade sur un fond paysager rural et solaire.
Juliette Roche
Paysage de Serrières
vers 1912-1913, huile sur carton contrecollé sur toile
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
Les acquisitions de 2023, c'est aussi...
JACQUES DOUCET
Les cinq œuvres acquises rendent compte du travail exploratoire de Jacques Doucet. Dans les années 1960, Jacques Doucet s’est éloigné de l’esthétique du groupe COBRA dont il a fait partie, mais en a conservé une certaine recherche de prosaïsme dont témoignent ces dessins dont le support a été froissé. L’encre de Chine a été appliquée grâce à différents outils : pinceau, brosse, calame ou bâton, mais aussi empreinte de doigt.
La peinture Mangeur de nuit, datée de 1989, correspond à la toute dernière période de l’artiste. On retrouve dans cette œuvre le travail par empâtements et accumulations successives, où la matière est grattée, raclée, triturée, au service d’une puissance expressive.
Jacques Doucet, Sans titre, 1964, dessin à l'encre et aux crayons sur papier froissé
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
Jacques Doucet, Sans titre, 1964, dessin à l'encre et aux crayons sur papier froissé
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
Jacques Doucet, Sans titre, 1964, dessin à l'encre et aux crayons sur papier froissé
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
Jacques Doucet, Sans titre, 1964, dessin à l'encre et aux crayons sur papier froissé
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
Jacques Doucet, Mangeur de nuit, 1989, huile sur isorel
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute
© Adagp, Paris, 2024
ANNE DANGAR
Le destin d’Anne Dangar est singulier. Dérouler le fil de sa vie et de sa carrière revient à déplier l’histoire d’un lieu mythique, celle de Moly-Sabata, colonie puis résidence artistique créée en 1927 à Sablons, en Isère, par Juliette Roche et Albert Gleizes.
Le plat à spirales, bleu et rouge, non daté, a sans doute été réalisé à la poterie Anjaleras de Cliousclat. La terre y étant résistante et les cuissons soignées, Anne Dangar y avait entamé une collaboration avec le tourneur Pierre Boissy, à partir de 1938, pour sa production non utilitaire et destinée aux expositions. Son intégration à la collection offrirait de conforter le petit fonds existant, associant ce dernier aux productions d’Albert Gleizes et Juliette Roche également représentées dans la collection.
Anne Dangar, Plat à spirales, bleu et rouge,
entre 1938 et 1951, terre cuite vernissée
© Musée de Valence, photo Cyril Crespeau
HUBERT ROBERT (Attribué à)
Cette feuille inédite achetée par le musée est une œuvre de jeunesse de Robert qui constitue une des toutes premières recherches engagées pour la création du Caprice architectural avec le Panthéon et le port de Ripetta, peinture la plus importante de son début de carrière, et commandée par le duc de Choiseul en 1761.
Ce dessin témoigne du séjour de l’artiste à Rome, de 1754 à 1765, au cours duquel il puise son inspiration dans les caprices peints par Giovanni Paolo Panini (1691-1765) et dans les architectures imaginées par Giovanni Battista Piranesi (1720-1778). De toute évidence, trois ans après son arrivée à Rome, Robert a souhaité créer un caprice rassemblant des monuments célèbres de l’Antiquité qu’il se plaît à reformuler : le Panthéon, l’obélisque se trouvant juste devant, les lions de la Cordonata et les silhouettes de ruines rappelant celles du forum à l’arrière-plan.
Hubert Robert, Caprice architectural inspiré par le Panthéon, l’obélisque dite du Panthéon, les lions de la Cordonata et des ruines du Forum,
vers 1757, plume et encre noire, lavis brun sur papier vergé
© Musée de Valence, photo Cédric Prat - Studio L’Œil écoute