vers 1774
Sanguine
37 x 29 cm
Ni signé, ni daté
D.27
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence
Information
C’est encore un regard nostalgique sur la Rome de sa jeunesse et une évocation de l’écoulement du temps que nous propose ici Hubert Robert en associant, dans une pure composition de fantaisie, la nature romantique d’un arbre tourmenté et à demi mort à quelques vestiges antiques.
L’énorme chapiteau corinthien sur lequel s’appuie le jeune homme n’est pas sans évoquer ceux que l’artiste avait déjà représentés en 1762 dans Les Dessinateurs au Palatin.
La statue de prisonnier phrygien, symbole des victoires romaines sur les barbares, sera, elle aussi, l’un des motifs qu’il réutilisera dans de multiples oeuvres, en Italie comme en France.
Ne serait-ce que dans la collection valentinoise, on la retrouve dans trois autres dessins et une peinture. Dès 1756, dans Variation autour de l’arc de Constantin et Variation autour de l’arc de Septime Sévère, où elles surmontent les deux arcs de triomphe ; puis dans Les Découvreurs d’antiques, où, dans l’ombre propice d’une sombre galerie du Colisée, elle est révélée à un riche amateur.
Hubert Robert emprunte ce type de statues au décor romain où, à son époque, elles surmontaient l’arc de Constantin, décoraient la façade sur jardin de la villa Médicis,
étaient conservées dans la cour du palais des Conservateurs…
Les éléments naturels que l’artiste choisit de nous montrer sont eux plus mêlés. À la campagne romaine il emprunte les acanthes aux feuilles dentelées et les longues
herbes couchées dont il encadre la scène dans les deux angles inférieurs. Au paysage français revient plus certainement le modèle de l’arbre (saule ?) au tronc torturé et aux branches acérées repris dans beaucoup de dessins des années 1774-1775, tels, à Valence, la Vue prise des thermes de Titus, La Statue mise à l’abri ou encore La
Fuite de Galatée.
Brouillant toujours les temps, il s’est encore amusé à jouer des attitudes de la statue et du jeune homme accoudé au chapiteau qui semblent se répondre en images inversées. Décalage et similitude à la fois de certains aspects des vêtements, position des corps avec une jambe repliée, l’autre tendue
et les mains jointes à l’avant.
De manière classique chez l’artiste, la couleur et la matière de la sanguine utilisent le blanc du papier pour élaborer les effets d’ombre et de lumière, et le geste large et
rapide ou, au contraire, dense et serré crée les contrastes graphiques.
Hubert Robert, Devant la statue d'un prince barbare, vers 1774, Sanguine © Musée de Valence, photographie Cédric Prat, Studio L'Œil Ecoute