L'Oiseau apprivoisé

Hubert Robert

1733 - 1808

vers 1780
Sanguine
36 x 29,5 cm
Ni signé, ni daté, Inscription sur la marge inférieure bleue de la monture : Vue prise d'une ville
D.98
Don J.-V. Veyrenc, 1835
© Musée de Valence

Information

Le thème des jeunes filles attirant un oiseau dans une cage ou, au contraire, le laissant s’en échapper se retrouve fréquemment dans la peinture française du XVIIIe siècle, en particulier dans la tradition pastorale des oeuvres de Boucher dont les gravures contemporaines ont diffusé le modèle.
On connaît les emprunts qu’Hubert Robert fait à Boucher, et il n’est pas étonnant qu’il ait, lui aussi, repris ce thème dans toute une série de peintures et dessins.
Peintures et dessins dans lesquels, après son incarcération à Sainte-Pélagie et Saint-Lazare pendant la Terreur, il donnera à ce motif une valeur toute symbolique, celle de la liberté perdue puis retrouvée.
On le trouve ainsi dans une peinture du musée Pouchkine à Moscou La Fête du printemps, où les deux lettres S. L. accompagnant la signature H. Robert allèguent de sa réalisation par l’artiste lors de son emprisonnement à Saint-Lazare en 1794. L’inscription latine CARCERE TANDEM APERTO, « hors du cachot enfin ouvert », portée au-dessus de l’entrée du bâtiment et des cages ouvertes d’où s’envolent les oiseaux, confirme l’allégorie. Plusieurs autres dessins, tels La Délivrance des prisonniers du musée Atger de Montpellier, La Mise en cage et son pendant Les Oiseaux en liberté (aquarelles dont la localisation actuelle est inconnue) reprennent la même intention allégorique.
Dans le dessin du musée de Valence, daté pour des raisons stylistiques du début des années 1780 par Jean de Cayeux, et donc réalisé bien avant l’incarcération de l’artiste, le retour de l’oiseau dans sa cage tenue par deux jeunes femmes est à mettre en parallèle non pas avec cette allégorie de la liberté, mais avec la tradition de la peinture pastorale où la capture des oiseaux est associée à la quête de l’amour et au désir amoureux.
Une fois de plus, il est bien difficile de situer le lieu où se déroule la scène : terrasse aux murs et balustrades peu identifiables, végétation mêlant acanthes et roseaux italiens à des arbres à résonance plus Île-de-France. Mais au demeurant la localisation importe peu, seuls le charme de la scène, la séduction et l’agrément du paysage demeurent dans une sanguine alliant toutes les sciences du dessinateur depuis la virtuosité nerveuse des premiers plans de végétation jusqu’à la finesse des personnages et des lointains.

Hubert Robert, L'Oiseau apprivoisé, vers 1780, Sanguine © Musée de Valence, photographie Cédric Prat, Studio L'Œil Ecoute

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